DDHC original     Sous la pression du peuple et après avoir aboli les ordres puis les privilèges le 4 août 1789, l'Assemblée nationale promulgue la Déclaration des Droits de l'Homme et du Citoyen le 26 août.

     Composée de 17 articles, accompagnée d'un préambule, cette déclaration est un ensemble de droits et de devoirs présentés comme universels et inaltérables, comme une réalité et un idéal incontestables. Cette déclaration deviendra par la suite notre « catéchisme national » (Barnave), notre « évangile politique » (Mirabeau). Ces principes s'inspirent de la pensée libérale des Lumières. L'objectif est de reconstruire la France sur une base nouvelle, rationnelle et juste.

     Dans cette séquence, la lecture de la déclaration par La Fayette illustre l'influence des Etats-Unis d'Amérique. Au mois d'août, le héros de l’indépendance américaine soumet un texte inspiré de la Déclaration américaine de 1776 dont l’auteur, Thomas Jefferson, est alors ambassadeur des Etats-Unis à Paris. La dernière scène illustre l'intransigeance du roi : il ne se résout à promulguer cette déclaration que le 3 novembre 1789, après les émeutes d’octobre et son retour contraint et forcé dans la capitale.
     Cette déclaration repose sur deux principes fondamentaux : la liberté et l’égalité.

    La liberté est définie comme la faculté accordée à chaque citoyen de faire tout ce qui n’est pas contraire à la loi et qui ne nuit pas à autrui, son égal. Ainsi, la liberté de conscience et d'expression sont garanties. La présomption d’innocence et la tenue d'un procès équitable avant toute condamnation s'opposent à l'arbitraire royal.

     L'égalité est définie comme l'acquisition par tous les citoyens de droits politiques et de devoirs civiques. Ainsi, l'impôt est acquitté par tous, chacun peut accéder à l'administration et chacun doit respecter la loi. En effet, la loi est l'expression de la « volonté générale » : les citoyens, réunis dans une communauté (nation) et liés par un contrat participent directement ou indirectement (Assemblée nationale) à l'élaboration de la loi. Elle devient donc incontestable. Cette théorie de la souveraineté nationale empruntée à Rousseau et celle de séparation des pouvoirs définie par Montesquieu permettent de liquider définitivement la monarchie absolue et les privilèges. De plus, la création d'une police et d'une armée nationales au service de tous et non de quelques-uns incarne cette notion d'égalité.

     Pour autant le réalisateur pose une question à travers le personnage de Danton. Et si ces mots n'étaient qu'illusion ? « Des mots vides de sens » comme le dira par la suite Babeuf en 1791. D'abord, il existe une contradiction. Comment prétendre que ces droits sont inaltérables et accordés à tous alors que rien ne contraint les gouvernements à les respecter (« corruption » et « impérieuse nécessité ») et que l'on refuse d'accorder ces mêmes droits aux hommes de couleurs des colonies. Et les femmes ? Ici les droits de l'homme sont définis de manière générique c'est à dire sans distinction de classe sociale. Ces principes restent abstraits et ne sont donc pas en phase avec la réalité de la société. Seule la liberté de la presse saluée par Desmoulins est concrète ! Sans entrer en contradiction avec les principes de 1789, exception faite de celui de propriété, les révolutionnaires de 1793 iront plus loin en rendant concret le principe d'égalité (droit au travail, à l'assistance et à l'instruction). Lors de la révolution de 1848, les Français ajouteront un principe nouveau, celui de fraternité car que serait l'égalité sans la fraternité ? Bref, les mots contenus dans cette déclaration souleveront longtemps la France...

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