Les révolutions russes à travers le cinéma d'Eisenstein (3ème-cinéma)
Sergueï Eisenstein (1898-1948) s'est engagé dans l'Armée rouge durant la guerre civile. Attiré par le cinéma, il pense que cet art peut propager les idées révolutionnaires : « La révolution a fait de moi un artiste, et si elle m'a conduit à l'art, l'art, à son tour, m'a entraîné tout entier dans la révolution. Notre art doit être fondé sur le communisme ».
Filmographie : La grève (1924), Le cuirassé Potemkine (1925), Octobre (1928), La ligne générale (1929), Alexandre Nevski (1938), Ivan le Terrible (1944-1946).
Le film est une commande officielle pour les commémorations du dixième anniversaire de la Révolution. Avec de très nombreux plans, Eisenstein décrit le pouvoir autocratique des tsars symbolisé par la statue colossale d'Alexandre III, l'aigle et l'église en arrière-plan. Filmée en contre plongée, elle se dresse menaçante dans la nuit de Petrograd. Surgissant du hors champ, des milliers de manifestants envahissent le cadre, dans un mouvement irrésistible et spontané, ils sont aux pieds de la statue colossale du tsar. Une femme qui s'est hissée jusqu'aux pieds de la statue, harangue la foule. Elle est rejointe par quelques manifestants. Cette avant-garde, métaphore du rôle du parti bolchevik, emprisonne Alexandre III dans un réseau de cordes. Les masses guidées par les militants s'emparent des cordes. Par une série de plans redondant, Eisenstein montre métaphoriquement la fin du tsarisme. La tête d'Alexandre III vacille, il perd son sceptre, l'orbis et tous les symboles du pouvoir. Il finit par tomber avec son trône.