La départementalisation de la Réunion : l'émergence d'un consensus ? (cinéma-3ème)

Malgré les efforts (construction et amélioration des zones portuaire et aéroportuaire, amélioration de l'habitat, développement de la scolarisation, politique de rattrapage de santé), les effets de la départementalisation sont lents à se faire sentir.
Les déceptions débouchent sur des tensions politiques. Au cours des années 60 et 70, le Parti Communiste Réunionnais (P.C.R.) réclame l'autonomie de l'île. La droite emmenée par Michel Debré souhaite renforcer la départementalisation. Dans un contexte mondial de guerre froide, les luttes politiques se radicalisent entre les communistes et les anticommunistes.
En 1982, la loi de décentralisation fait de la Réunion une région monodépartementale : l'île est à la fois une région et un département. En 1984, avec le projet d'assemblée unique ou encore en 2000, avec celui de bidépartementalisation, les élus réunionnais se montrent incapables de s'entendre. Les récents événements aux Antilles et à la Réunion posent encore la question du statut des D.R.O.M. et des rapports qu'ils entretiennent avec leur métropole.
Cet extrait du Journal Télévisé de FR3, du 16/03/1996 évoque la commémoration des 50 ans de la départementalisation. La rédaction du journal évoquerait-elle ce sujet sans la venue du Président de la République, Jacques Chirac, programmée le jour suivant ? Pas certain !
La présentatrice annonçe le reportage en précisant que le "département est pacifié politiquement"... Sur fond de fanions tricolores et d'ambiances tropicales, quatre interviews de personnalités se succèdent.
L'isolement de l'île et son éloignement de la métropole démontrés, le préfet Robert Pommies, affirme solennellement devant sa préfecture se sentir "préfet d'un département français". Ainsi pour le représentant de l'Etat, la question du statut de l'île est définitivement tranchée. Elle ne semble même pas s'être posée !
Après quelques déambulations, l'évêque de la Réunion, Gilbert Aubry, s'affiche en rassembleur. Pas un mot sur les anciens adversaires de l'Eglise.
Dans sa ville du Port, ancien bastion ouvrier et communiste, le représentant du P.C.R., Paul Vergès, affirme mener le combat pour l'égalité sociale, objectif qui visait à rattraper les retards par rapport à la métropole. Paraissant assagi, il tait ses luttes anciennes (autodétermination et décolonisation). Avec les événements du Chaudron en 1991, les questions économiques et sociales sont plus urgentes que la question institutionnelle.
Seule l'intervention du leader de la droite, Jean-Paul Virapoullé, brise le semblant de consensus. Sur un ton ferme et vindicatif, il évoque la récupération politique avec la figure du "départementaliste surnois et du départementaliste sincère". Nul besoin de dire qui est qui. La boucle est bouclée...